Timothée est l’auteur d’une thèse. Son intervention est magistrale et très engagée. Il pose un cadre conceptuel de la décroissance au regard de la post-croissance. Il explique et distingue trois notions :
- L’objection de croissance
- La décroissance
- La post-croissance
L’objection de croissance
C’est le propos du rapport Meadows. Le principe repose sur une idée simple :
“Pas de croissance infinie dans un monde fini ».
Timothée note qu’il est fondamental d’être radical dans son concept sinon il se fait aspirer par un autre. Le concept d’objection de croissance a été dilué par celui de développement durable.
La décroissance
Ici on met le capitalisme au régime. « La Décroissance est la réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation dans les pays riches pour réduire les pressions environnementales et les inégalités, tout en améliorant la qualité de vie. »
La décroissance est un sujet de recherche émergent. Le nombre de publications académiques a explosé entre 1977 et 2021.
La décroissance est souvent assimilée à la récession. Pourtant ces deux concepts sont très différents. La décroissance est une planification démocratique qui conduit à une transition vers un nouveau système économique. La récession est un accident économique qui est subi. (Voir le slide ci-dessous).
La décroissance dans les pays riches est inévitable. C’est la conclusion du dernier rapport du GIEC.
Il faut prendre en compte l’overshoot Day en fonction de chaque pays et introduire de la sélectivité dans la décroissance.
En effet, 10% des pays les plus riches de la terre (moins d’1 milliard) sont responsables de plus de 50% des émissions. Ceci est valable aussi entre les pays en Europe. Mais aussi entre les régions en France. Et aussi entre les citoyens (entre les plus riches et les plus pauvres). Cela met fin, au passage, au débat sur la démographie mondiale comme source du problème.
Est-ce que la décroissance est un retour au moyen âge ?
Le niveau de bonheur n’est pas corrélé avec le PIB (il peut l’expliquer en partie seulement). Ce qui est intéressant c’est de comprendre que la richesse permet de faire décoller le bonheur. Mais il y a très rapidement un effet de saturation. Des pays comme les USA ou l’Australie ont un niveau social moindre que d’autres pays dont le PIB est beaucoup plus faible. Donc il y aurait une manière de diminuer les empreintes sans diminuer la qualité de vie. On peut même imaginer que la baisse de la production peut libérer des heures pour des activités non productives. Ces dernières sont investies dans le bien être.
Cette décorrélation entre la richesse et le bonheur est intéressante à intégrer.
Chaque année l’industrie extrait 100 Gtonnes de ressources qui alimentent l’économie. Mais dans la réalité, nous ne devrions pas dépasser 28 GT pour être en phase avec les limites planétaires. Plus on avance dans le temps plus le jour du dépassement des limites planétaires arrive tôt dans l’année.
Pour Timothée, nous vivons les dernières heures du capitalisme et nous sommes déjà en récession. Nous devrions imaginer un nouveau système économique qui soit inspiré de ce qui se fait de meilleur dans le monde. Par exemple : l’éducation à la finlandaise, l’agroécologie à la cubaine, l’ESS à la française. Nous ne pouvons plus laisser la lucrativité guider la gestion des EHPAD ou de la santé.
Pour Timothée, nous devons sortir de l’opposition facile entre capitalisme et communisme pour tisser des liens entre ce qui se fait de meilleur dans le monde. On donnera à cette économie le nom qu’on voudra.
En terme géopolitique, pour imaginer la paix, il reste plus intéressant à tous les niveaux de tendre vers une société sobre (décroissance).
La post-croissance.
On se projette vers une utopie. La décroissance est le trajet et la post croissance est le projet. Du coup quel modèle d’entreprise pour ce futur d’économie post-croissance ? Est ce que l’entreprise n’est pas le “commun” de la future économie ?
Nous pouvons imaginer l’entreprise comme une coopérative pilotée par une gouvernance démocratique qui serait fondée sur une ou plusieurs missions de bien commun et gérée grâce à une comptabilité sociale et écologique.
Passée cette mise au point sur ces notions utilisées régulièrement et de manière approximative dans les médias, l’auditoire eut le plaisir d’écouter Sébastien Bohler, auteur du Bug Humain.