La schizophrénie du patronat
Le patronat vit une forme de solitude car d’un côté, il est poussé culturellement vers la croissance et de l’autre, il est conscient des dépendances de son entreprise à l’égard de l’environnement. En effet, les entreprises découvrent aujourd’hui qu’elles sont assises sur un actif invisible qui va disparaître alors qu’il semblait inépuisable. A tel point, que ces dépendances mériteraient d’être cartographiées au sein des entreprises. Aujourd’hui elles n’apparaissent même pas dans la comptabilité, outil principal de gestion. Diego parle de territoires fantômes d’où proviennent nos ressources et nos dépendances.
Pourtant, Diego constate que certaines entreprises ou collectivités adoptent un comportement logique face à cette prise de conscience. Pour elles, “la décroissance est devenue le principal horizon d’optimisation financière.” A moyen terme, c’est une question de survie économique.
Le patronat est souvent entouré d’ingénieurs qui sont aujourd’hui des top managers. Ces brillants cerveaux ont été formés à la rationalité des mathématiques. Leur travail est d’optimiser sous contrainte. Le problème est que cela fait 40 ans que nous agissons sans contrainte.
Finalement, on assiste à une tendance généralisée des marchés, qui pour des raisons écologiques et de raréfaction des ressources, s’adressent non plus aux masses mais aux futurs survivants. En effet, aujourd’hui on assiste à une tactique qui consiste à réserver les ressources au profit des plus riches et quitter les marchés de masse.
Des industries, fleurons de nos économies, reposent sur des technologies zombies. Ces dernières sont soutenues par les banques et les États alors même qu’elles sont mortes écologiquement. Elles ne sont pas compatibles avec les enjeux climatiques et de biodiversité. Elles sont caduques alors même qu’elles sont poussées par les entreprises.
Par exemple, le SUV, ce n’est pas possible, même en imaginant de nouvelles technologies.
Nous découvrons les impacts colossaux derrière les sports. Mais est-ce que tous les territoires du monde doivent accueillir tous les sports du monde ? La réponse est non.
Diego affirme que la startup nation est à l’opposée de la réalité des limites planétaires. “Aujourd’hui, nous devons passer chaque projet aux fourches caudines des limites planétaires en plus des considérations comptables, fiscales, …”
L’exemple sublime de Patagonia nous entraîne sur une évolution de rupture en termes de gouvernance au sien de cette entreprise. L’arbitrage y est au cœur. La gouvernance est fondée sur les limites planétaires.
Pour ce qui concerne l’entreprise, Diego nous conseille de ne pas refuser les moments de tension liés aux discussions entre toutes les parties prenantes. L’urgence climatique n’est pas négociable. On ne peut pas se permettre de diluer les idées de bon sens.
Avec les deux interventions suivantes, nous travaillons sur les freins que rencontrent deux entreprises dans le cadre de leurs transformations.