Avec l’intervenant suivant, Bernard LECA, professeur à l’ESSEC Business School, je me suis dis, c’est bon, on va souffler. Il va prendre du recul sur les données scientifiques, poser les bases de la réussite de la transition. Nous affirmer que la main invisible du marché va régler tous nos maux par le mouvement naturel (et économique) des choses. Ça va nous reposer l’esprit.
En effet, la prise de hauteur a été affichée dès les premiers mots. Et ils sont clairs venant d’une personne au cœur de l’économie française et européenne :
« Pas de biosphère, pas de social, pas d’économie. »
« Pas d’environnement, pas d’économie. »
« Les humains représentent 0.01% de la biomasse. Depuis 2020, la production humaine a dépassé la biomasse. »
« Mc Kinsey estime 28 trillions € d’investissements en Europe pour modifier le cap de manière radicale. » (Sur cette citation, nous avons préféré l’écrire en toute lettre car en chiffres, nous avons eu peur de nous planter).
« Énorme besoin d’innovation. Pourtant il faut se méfier des innovations car elles ne sont pas matures. L’hydrogène vert, l’impression 3d pour relocaliser l’industrie, les fermes verticales, la captation robotisée du carbone… rien n’est prêt ».
« Avec la Taxonomie Européenne les banques sont en panique. Certaines sont au bord d’une faillite ».
Allez, prenez le temps de souffler.
Digérez ces informations en inspirant et expirant lentement.
C’est bon ?
Allez, on repart pour se mettre à niveau. C’est bien l’objet de cet article du Carnet de Bord du Grand Défi des Entreprises pour la Planète. Avoir la pleine conscience des enjeux pour regarder le présent et les futurs droit dans les yeux. C’est de cette manière que nous abordons notre activité chez 22EME SIECLE.
Concernant la taxonomie, je pense que c’est un signal absolu de l’urgence et de la gravité de la situation. C’est aussi un élément chargé d’espoir concernant la transformation quasi immédiate et obligatoire de nos économies et évidemment de nos entreprises.
La taxonomie est « une classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement. Son objectif est d’orienter les investissements vers les activités « vertes ». »
Cela implique que les banques doivent, dans un délai court, transformer leurs portefeuilles d’investissements. De l’extraction fossile à des projets vertueux pour l’environnement. Ce tour de magie est obligatoire. Nous sommes condamnés à réussir. On le sait désormais : pas d’environnement, pas de business. Je pense que tout va s’accélérer puisque même les banques centrales, depuis le discours de Carney ont compris les risques d’une économie à +2°c. Allez on le redit une dernière fois : pas de nature, l’aventure s’arrête.
Ce qui est triste, mais on ne va pas refaire l’histoire, c’est que nous avions 40 ans pour réaliser cette transition inéluctable et que là, maintenant, nous disposons d’une poignée d’années. On peut se rassurer en se disant que travailler dans l’urgence est certainement génératrice de créativité.
Alors, résumons. La compensation n’est que du greenwashing et les technologies ne sont actuellement pas disponibles.
Bernard ne voit qu’une seule issue : la sobriété.
Il insiste : la sobriété, pas l’innovation.
Il propose d’agir sur le transport, l’alimentation, l’isolation des bâtiments, l’efficacité énergétique, de devenir son propre producteur d’électricité ou de se tourner vers un fournisseur vert (type Enercoop).
La démarche vers plus de sobriété commence par un bilan carbone sérieux. Il permet de comprendre d’où on part, sa situation à un instant et de capter dès le début, les marges de manœuvre sur ses scopes pour diminuer sérieusement son empreinte.
Scope 1 : son activité immédiate.
Scope 2 : les émissions indirectes liées à sa consommation d’énergie.
Scope 3 : les émissions indirectes générées par les consommateurs, les fournisseurs, l’extraction des matières premières. Ce dernier scope est sous-estimé et offre la possibilité d’une réaction vertueuse en chaîne..
Ok.
Pour l’adaptation de l’entreprise, il propose de s’appuyer sur les scénarios du GIEC ou de l’Agence Internationale de l’Énergie pour construire ses propres plans de transformation.
Deux éléments m’interpellent : l’un concerne l’inclusion de l’ensemble des salariés dans la démarche. Jusque-là, il était de rigueur de travailler au corps la gouvernance de l’entreprise pour que les décisions soient engagées. Dans les faits, sa marge de manœuvre est faible si l’ensemble des personnes qui animent l’activité (salariés) ne sont pas réellement volontaires.
Probablement que cela passe par insuffler plus de démocratie et de concertation dans l’entreprise.
L’objectif est clair : inclure et créer l’adhésion pour que la créativité et la mise en œuvre des plans d’action soient facilitées… dans des temps courts.
D’ailleurs, chez 22EME SIECLE, nous faisons immédiatement le parallèle avec la planification à l’échelle d’un territoire (PAECT, Agenda 2030) qui suppose, chaque fois une phase de concertation avec l’ensemble de ses habitants, des élus, des tissus économiques et associatifs.
L’autre point concerne la coopération. Exit la concurrence qui stimule le business. Là, il va falloir être coordonnés, solidaires, en action ensemble. Bref, faire briller notre intelligence collective et de manière locale.
Bernard parle de « travailler avec son écosystème sur son territoire ». Comment peut-on œuvrer avec les autres entreprises pour penser l’économie circulaire, le design de produit et de service ? La coopération est aussi vivement suggérée avec les Universités qui constituent un vivier d’étudiants, de chercheurs, prêts à se confronter à des blocages et relever les défis techniques soulevés par les entreprises.
Pour conclure l’exposé de Bernard, rappelons que seules trois entreprises du CAC 40 sont alignées avec l’Accord de Paris pris en 2015. C’est très peu. Nous avons un énorme chantier face à nous et nous devons le réaliser en un temps record.
Pas de soucis de crise existentielle au regard de toutes ces informations relatées dans cet article.
On se sent exister là !
Pour réussir sa vie aujourd’hui, ce n’est pas une Rolex qu’il nous faut.
Pour réussir sa vie il faut être actrice ou acteur de la métamorphose positive de notre civilisation.
#simple