Les concepts de l’entreprise à impact positif
Les concepts de l’entreprise à impact positif, c’est l’intitulé du premier épisode de notre nouvelle série. #Joie car c’est parti, nous allons vivre une année avec Les Super Pouvoirs des Entreprises ! Accrochons-nous aux cœurs puissants de ses héroïnes engagées. Elles, qui transforment notre monde.
Dès l’épisode 3, nous voyagerons aux côtés de patronnes et de patrons qui réinventent leurs modèles d’affaires. Mais commençons par charger nos bagages de quelques pensées inspirantes. Tentons de modifier nos logiciels pour réfléchir vraiment différemment et emprunter le chemin de l’innovation de rupture. Allez, cul sec, prenons un shot d’inspiration pour sentir la… Force.
La Force c’est cette capacité à favoriser la coopération en prenant plaisir à travailler ensemble pour inventer de nouveaux modèles. Oui, nous parlons bien d’un récit positif et d’une mise en mouvement pour bâtir une civilisation du bien vivre.
Chacun des défis majeurs de notre siècle exige, une mise en action rapide, une capacité d’adaptation, une réponse systémique et une vision à long terme. Rien que ça !
Les concepts de l’entreprise à impact positif se posent alors comme des phares nous guidant vers un avenir durable et inclusif.
Nous vous faisons une promesse : au fur et à mesure que nous avancerons dans la saison, épisode après épisode, vos super-pouvoirs grandiront. D’ailleurs, est-ce que vous saviez que nous disposons toutes et tous d’un super skill au début de l’aventure ? C’est le (bio)mimétisme. Ce super-pouvoir permet de capter des idées et de les appliquer dans un projet d’entreprise. En s’inspirant de ce qui se fait de meilleur, il nous permet de générer un effet levier gigantesque pour le progrès social, sociétal, économique et environnemental. Vous pouvez faire grandir ces idées et les faire circuler à votre tour. De l’inspiration à l’action. De l’exemplarité à l’essaimage.
#simple
Finalement, la vie est bien faite. Il y a les explorateurs d’un monde nouveau, ceux qui ouvrent la voie de ce qui se fait de meilleur (merci). Ces personnages bien réels ont développé un autre super-pouvoir : la coopération. C’est un peu comme Obélix avec la potion magique, ils sont tombés dans la marmite. Pour eux, c’est tout naturel de partager, de faire ensemble, d’être exemplaire, d’essaimer.
Dès lors, il suffit de s’inspirer.
Coopération et (bio)mimétisme, c’est le combo parfait ! C’est la raison d’être de notre série, soyez les bienvenu.e.s dans Les SuperPouvoirs des Entreprise – Épisode 1.
Ouvrons cette saison avec les concepts de l’entreprise à impact positif.
Découvrons nos super-héroïnes et super-héros du jour.
6 cartes collector pour présenter nos héros
Les concepts des entreprises à impacts positifs sont issus d’études, d’efforts de systématisation et de retours cadrés d’expérience. Ils ont tous le mérite de poser des idées claires pour inspirer et essaimer. Merci aux personnes qui les formulent.
Nous présentons ci-dessous sous la forme de cartes collector, les personnes qui ont eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Quatre concepts pour quatre entreprises positives
Nous vous proposons d’explorer quatre concepts d’entreprise positive. L’idée est de partager quelques clés grâce à leurs autrices et leurs auteurs. Ils ont tous en commun de pousser loin la notion de durabilité. Tellement loin qu’elle est dépassée dès qu’on aborde les notions de régénération (des ressources et des équilibres planétaires) ou encore, dans sa dimension redistributive des richesses.
Dans le monde des entreprises ultra-engagées, on parle d’impact positif. On est au niveau maximum de la RSE.
Qu’elle soit contributive, régénérative, symbiotique, perma, l’entreprise est érigée en héroïne de la transformation de notre monde.
L’entreprise contributive pour faire bien
Fabrice Bonnifet et Céline Puff Ardichvili
“Pendant des siècles, la création de richesses économiques a souvent été synonyme de dégradation de l’environnement et parfois de la société. Nous avons connu une augmentation dramatique de la consommation et de l’exploitation des ressources naturelles, menaçant ainsi la viabilité de notre planète. Pourtant, il est possible de concilier les objectifs commerciaux avec les limites environnementales de la Terre. Pour ce faire, il faut revoir totalement les principes entrepreneuriaux traditionnels, c’est ça l’entreprise contributive.”
L’objectif de l’entreprise contributive est de produire de l’essentiel et de la bonne manière.
L’entreprise contributive n’est pas un concept. C’est un objectif. Et il n’est pas utopique, c’est une nécessité. L’atténuation des externalités négatives – pollution, appauvrissement des humains et des sols, émissions de CO2 etc. comme sus cités ne suffisent plus.
Il ne s’agit plus de faire « mieux », en étant moins impactant négativement, tendant vers un delta neutre. Il faut désormais faire « bien ». Et cela impose de faire « autrement ».
La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent.
L’entreprise symbiotique pour faire écosystème
Isabelle Delannoy
L’économie symbiotique vise la triple régénération :
- écologique de nos ressources et des équilibres planétaires
- économique notamment au niveau des territoires locaux
- sociale
C’est une économie dans laquelle on raisonne en écosystème, comme dans une forêt. Le mot clé est : coopération.
Tout d’abord il faut bien prendre conscience qu’on agit au niveau du moteur de la prospérité donc à la racine des modèles. On ne peut pas changer globalement l’entreprise, l’organisation et le territoire tout de suite. Ça demande de créer une cellule de transformation un peu comme un arbre va avoir sa graine pour créer un nouvel arbre. Donc il faut être à la fois très ambitieux (on va bien créer un nouvel arbre) et en même temps, il faut rester très humble (on part d’une graine).
Il faut absolument que les organes stratégiques de l’entreprise, de l’organisation, du territoire aient cette envie, ce désir de changer de modèle. A la base de la démarche, il faut donc s’assurer d’une volonté stratégique.
Les acteurs qui vont penser et travailler à ce renouvellement doivent bénéficier d’une liberté assez grande pour opérer. On ne peut pas avoir des obligations de résultat et de retour sur investissement trop immédiat. C’est un processus de moyen et de long termes. L’économie symbiotique est donc adaptée aux entreprises familiales, qui peuvent penser sur plusieurs générations et qui sont libres de leurs décisions stratégiques.
On doit absolument abandonner l’idéologie. Il y a 5 P pour nous guider :
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- On pense pragmatique : une entreprise a des besoins auxquels il faut répondre
- On pense positif : “si on ne cherche que la diminution des impacts négatifs de notre modèle existant et on ne crée pas les conditions pour changer de modèle” Il faut se demander comment créer des impacts positifs. C’est ainsi qu’on devient régénératif, que l’on crée de nouvelles ressources et in fine qu’on devient plus performant. c’est comme ça que le modèle devient plus performant.
- On doit insuffler du plaisir : ces nouvelles ressources, celles qui ont été régénérées, vont être travaillées par la coopération. Comment on va installer du plaisir dans nos modes d’organisation pour avoir envie de coopérer ensemble ?
- Favoriser la proximité : 80% de nos besoins en ressources sont autour de nous.
- Penser potentiel : en réfléchissant en termes de problème, on active le logiciel existant. Mais là, il faut changer de logiciel. Quels sont les potentiels qui nous sont ouverts en adoptant le modèle régénératif ?
La permaentreprise pour prendre soin de l’existant
Sylvain Breuzard
La permaentreprise est un modèle de développement axé sur une production durable, préservant les ressources et l’environnement tout en favorisant le bien-être des employés.
4 principes éthiques :
- Prendre soin de humain
- Prendre soin de la planète
- Se fixer des limites
- Redistribuer équitablement les richesses (personnes le dit / c’est la force du modèle)
Ces 4 principes posent l’ambition. Ils sont affinés par 24 objectifs d’impact (incontournables et indissociables). Ils rendent crédibles la permaentreprise en tant que levier pour transformer le monde.
Deux exemples :
- 50% des résultats doivent être redistribués aux salariés et au monde associatif
- Réduire de 50% les émissions de CO2 en 5 ans
Ce concept est rendu opérationnel par 13 principes de design inspirés de la permaculture et adaptés à l’entreprise.
C’est une forme de stratégie de développement, un référentiel d’objectifs d’impact qui va guider l’entreprise. Cette méthodologie est l’occasion de mobiliser les salariés, les actionnaires et l’ensemble des parties prenantes.
L’entreprise à but régénératif
Sarah Dubreil et Isabelle Delannoy
Sarah Dubreil :
“Depuis quelques années le concept d’économie régénérative devient visible en Europe. Nous nous rendons compte du dépassement d’au moins 6 des 9 limites planétaires : il ne s’agit donc plus de réduire notre impact négatif, mais de régénérer plus que nous ne détruisons.«
Une économie régénérative est une économie au service des vivants – écosystèmes et humains. Elle ne cherche pas à agir directement sur les systèmes vivants, mais à mettre en place des conditions qui vont leur permettre d’activer leurs capacités de développement.
Le régénératif, c’est l’objectif «help grow » plutôt que « do good » ou « réduire l’impact ». C’est une approche humble, qui part des écosystèmes et communautés locales, et les aide à développer leur potentiel et co-évoluer harmonieusement. Fini les « superpouvoirs », il s’agit de « pouvoir avec » !
Enfin, les approches régénératives existent de très longue date dans les secteurs liés au systèmes vivants : agro-écologie et permaculture, urbanisme, infrastructures vertes par exemple de gestion de l’eau, …
Les entreprises ne peuvent pas « être régénératives » – car on est régénératif en écosystème seulement. Elles peuvent en revanche aider leur secteur, territoire, leurs employés et les communautés proches à activer leurs « superpouvoirs » de reconnexion aux systèmes vivants !
Isabelle Delannoy : « Le concept d’entreprise régénérative est à la fois juste et dangereux. L’économie régénérative suppose d’agir en écosystème. Alors quand on parle seulement d’entreprise régénérative il faut inclure les usagers / consommateurs, mais aussi les collectivités territoriales qui ont un très grand rôle à jouer et dans ce cadre deviennent des acteurs économiques à part entière. »
Mieux vaut parler de projet régénératif. D’autant plus qu’à l’échelle d’une très grande entreprise, il peut y avoir des projets régénératif dans un secteur et des projets dégénératifs dans d’autres.
On ne peut parler d’entreprise régénérative que lorsqu’elle fusionne avec le projet régénératif.
Mais régénératif de quoi ?
2 options principales :
- Je régénère les conditions de mon fonctionnement c’est-à-dire mes ressources (matière et énergie). On ne fait plus de la production de masse mais de l’usage de masse.
- Je régénère les équilibres planétaires : l’activité est liée au vivant et aux espèces vivantes (agricultures, métabolisme urbain,régénération de la qualité de l’eau, de l’air, des sols). Capacité de se protéger des inondations, des sécheresses.Capacité à générer des services écosystémiques. L’agriculture est régénérative que si elle produit des écosystèmes.
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L’entreprise et la biodiversité : l’équipe de choc
Tarik Chekchak
Le Biomimétisme, c’est l’art de s’inspirer du vivant pour résoudre des problématiques humaines. Enjeux d’éco-conception et d’humanisme. Il y a une posture philosophique de la conception.
La nature, c’est 3,8 milliards d’années de recherche et développement.
Le biomimétisme révèle un intérêt fort en matière de design au sens large (intègre l’éco-conception). Il est nécessaire de répondre de manière systémique à des enjeux qui sont systémiques (tout à l’inverse de la pensée en silo). A notre époque et en cette matière nous cherchons à trouver des compromis multifonctionnels à des pressions multi factorielles.
On recherche des réponses synergiques – qui répondent en même temps à plusieurs besoins en même temps
3 portes d’entrée pour le design:
- Forme
- Processus (ex : photosynthèse)
- Les interrelations – Management de la complexité (permaculture – comment le vivant crée les conditions propices à la vie)
Les rapports entre biodiversité et entreprise sont partout ; à la fois directs et indirects. C’est un grand tout. Il y a les services écosystémiques. Pas d’oxygène sans le vivant. Pas de nourriture sans le vivant. Pas de plantes sans le sol. Pas de médecine, pas de matériaux,…
Nous sommes dépendants de la biodiversité. On peut analyser nos vulnérabilités. Nos activités d’entreprises ont également des impacts négatifs (et positifs) sur les écosystèmes et sur la biodiversité.
Ça nous rappelle la double matérialité. N’hésitez pas à jeter un œil sur notre article dédié à la CSRD.
Les super-transformations
En quoi ces concepts changeraient nos modes de vie ?
Les perspectives offertes par les nouveaux concepts d’entreprise, tels que l’entreprise contributive défendue par Fabrice Bonnifet et la permaentreprise soutenue par Sylvain Breuzart, portent en elles des promesses de transformation positive de nos modes de vie.
Fabrice Bonnifet : “Déjà cela nous redonnerait l’espoir d’un futur possible ! Car à date les perspectives en termes de réchauffement climatique de la planète conduisent à un suicide collectif quasi certain bien avant la fin du siècle en cours
Le ralentissement et même l’arrêt de la production du non-essentiel va nous donner d’immenses marges de manœuvre pour travailler moins et vivre plus heureux en magnifiant les plaisirs immatériels !”
Ces concepts offrent une vision renouvelée pour l’avenir et permettent de rompre avec le dogme du consumérisme qui épuise tant nos ressources et notre être intérieur.
Sarah Dubreil : “Cela nous apporterait de vivre dans des environnements devenant plus sains avec une refocalisation de nos vies sur le développement de relations humaines riches et joyeuses, avec un discernement sur les technologies utilisées.”
En généralisant ces approches novatrices et en se fixant des objectifs d’impacts tangibles, tel que le souligne Sylvain, nous avons la possibilité de véritablement transformer le monde.
Isabelle ajoute que dans le cadre d’une économie symbiotique, les entreprises ne produisent plus de déchets, nous sommes sortis d’un monde fondé sur l’extraction et le transport des matières premières.
Nous sommes connectés avec le vivant. La coopération est au cœur de nos rapports et les tiers lieux prennent une importance dans la créativité et les échanges humains. Les emplois sont plus performants économiquement et ils sont la source de communautés d’acteurs.
Ces interviews font ressortir l’idée d’un monde logique, prospère et en paix.
Ça donne vraiment envie de mettre sa cape de super-héros afin d’offrir cette vision à nos enfants. Cette perspective est enthousiasmante. Ça vous donne pas envie de rejoindre la ligue des super-entreprises ?
Comment faciliter la mise en œuvre de ces concepts ?
Nous avons apprécié de mener ces interviews car chaque concept est ambitieux, nécessaire, chargé d’espoir. Pour activer ces concepts il faut beaucoup de volonté mais cela ne suffit pas. Alors qu’est ce qu’il manquerait pour faciliter l’avènement de ces entreprises à impact positif ?
Sarah Dubreil :
Aller vers un impact net régénératif, c’est un travail à tous les niveaux :
- Prendre conscience du dépassement des limites planétaires, et interroger la pertinence de son activité à cet égard
- Faire évoluer les modes de travail en pariant sur le potentiel du vivant : leadership participatif, stratégie centrée sur un avenir souhaitable, …,
- Faire évoluer ses activités et sa chaine de valeur en les réinsérant dans les systèmes vivants (et à défaut en visant la sobriété) : passage à l’agro-écologie, substitution de produits fossiles par des produits biosourcés et biodégradables, …
- Aligner la colonne vertébrale de son entreprise sur des principes régénératifs (gouvernance, actionnariat, …)
- Cibler un impact au niveau du système (plutôt qu’une croissance de l’impact)
Céline Puff Ardichvili :
- Pour que l’entreprise contributive soit effective et généralisée, nous devons changer le système comptable mondial et les réglementations. Ces dernières ont un rôle fondamental pour que tout le monde soit sur un pied d’égalité… et que la prime au vice cesse.
- Concrètement, cela veut dire que les entreprises sur la voie du contributif doivent montrer l’exemple, certes, mais aussi réclamer des réglementations mieux disantes, afin que la société, via le régulateur, mette (réellement) à l’amende les contrevenants. Il s’agit ici d’inverser les représentations de ce qu’est la réussite pour une entreprise et sur quoi elle se base.
Un dernier shot de super pouvoir ?
Chaque personne qui a participé à la réalisation de cet épisode nous offre un dernier cadeau, garanti sans kryptonite, pour booster nos capacités.
A lire
- L’Économie Symbiotique, Régénérer la planète, l’économie, la société – Isabelle DELANNOY
- La Permaentreprise, Un modèle viable pour un futur vivable – Sylvain BREUZARD
- L’entreprise contributive, Concilier monde des affaires et limites planétaires – Fabrice BONNIFET et Céline PUFF ARDICHVILI
- Rapport BPI « Entreprises et systèmes vivants : appréhender les approches régénératives » – Valérie BRUNEL et Sarah DUBREIL
- Le Bonheur était pour Demain – Philippe BIHOUIX
- Un monde immense, Comment les animaux perçoivent le monde – Ed YONG
- Le Petit Prince – Saint EXUPÉRY
- La Révolution Bleue – La Petite Princesse – Jean-Pierre GOUX
- La Dernière Reine (BD) – Jean-Marc ROCHETTE
- Entreprise et Impact – Raphaël Bosch Joubert
A voir
- Les 7 petites vidéos de l’économiste Kate RAWORTH (Théorie du Donut)
- Itinéraire d’un enfant gâté – LELLOUCHE
- La Sagesse de la Pieuvre (Documentaire primé aux Oscars) – Pippa EHRLICH et James REED
A écouter
- Le Sens et l’Action du C3D sont des références.
- Chaleur Humaine, les podcasts du Monde – animés par Nabil WAKIM