L‘impact dans l’entreprise
Pour suivre le parcours Impact et Entreprise, Manon Boulanger et Raphaël Bosch Joubert étaient présent.e.s aux Universités d’été de l’économie de demain (UEED 2023). Vous le savez, l’agence 22EME SIECLE a adhéré en début d’année, au Mouvement Impact France (MIF) et pour le moment le constat est clair : nous avons le sentiment d’avoir fait un choix pertinent. Retrouvez dans cet article ce qui a motivé notre décision.
L’ouverture est menée avec humour, gravité et espoir par la co-présidence Julia Faure et Pascal Demurger. Cette année, les UEED sont axées sur l’économie de la paix. Désirable sur les plans économique et moral, elle est nécessaire pour développer son entreprise.
On vit un moment particulier et rare : un vent nouveau est en train de se lever, même s’il n’est pas encore très fort.
Le programme est dense et d’une exceptionnelle richesse. Il est nécessaire de faire des choix et notre binôme décide de vivre cette journée différemment afin d’optimiser un maximum notre présence. Cet article relate les contenus que nous avons perçus lors de toutes les masters class sur la thématique : impact et entreprise.
Faire de l’impact sa nouvelle boussole
Être une entreprise à impact c’est être gagnant à tous les coups. Non seulement, elle participe au progrès sociétal, préserve son environnement, mais elle contribue également à assurer sa pérennité économique. En effet, c’est d’une partdevenu vital pour sa marque employeur. 77% des travailleurs et des chercheurs d’emploi considèrent l’engagement de l’entreprise comme critère très important (sondage Harris interactive pour le MIF). D’autre part, la performance augmente de 13% lorsque l’entreprise met en œuvre une stratégie RSE.
Avoir de l’impact positif avec son entreprise, c’est une spirale vertueuse.
Impact et entreprise : essai de classification
Dans le cadre de l’Impact Lab, Octave Kleynjans, responsable de l’Impact Lab présente un essai de classification des entreprises avec 4 niveaux d’engagement.
« Dans un contexte où tout le monde parle d’impact, il est important de rappeler ce qu’est une entreprise à impact et en quoi elle se distingue d’une entreprise engagée de celle dotée d’une stratégie RSE. »
Lorsqu’une entreprise élabore sa stratégie RSE, elle met en œuvre un plan d’action qui a pour objectif de réduire ses impacts négatifs sur l’environnement et la société globale. Ses progrès sont présentés annuellement dans un rapport RSE. La norme ISO 26 000 définit le champ d’application de la RSE autour de 7 piliers : Gouvernance / Droits de l’Homme / Qualité de vie au Travail / Environnement / Loyauté des pratiques notamment à l’égard des consommateurs.
L’entreprise engagée tente non seulement de s’inscrire dans une démarche de durabilité mais elle intègre en parallèle de son objectif de rentabilité, une raison d’être mettant en valeur une mission sociale et/ou écologique. C’est par exemple l’entreprise à mission. Elle cherche à avoir un impact positif. Autre caractéristique supplémentaire : elle s’inscrit dans une démarche participative au niveau de sa gouvernance.
L’entreprise à impact l’est par essence. L’ensemble de son activité y est dédié. Elle aussi organise le partage du pouvoir mais cette fois-ci également celui de la valeur. C’est typiquement l’entreprise de l’ESS qui a obtenu l’agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale instituée par la Loi Hamon du 31 juillet 2014).
Selon François Guerin (Président de CETIH – Sté à mission) :
“Cette classification n’est pas assez poreuse. Le fil conducteur de la RSE irrigue tous les niveaux d’engagements. La démarche RSE est le moteur de la transformation, car il y a l’incarnation de la responsabilité.
Ce mot est de loin le plus important. Une fois cette notion intégrée, une entreprise peut pousser sa stratégie RSE très loin. Nous sommes responsables dans tous les cas, de nos impacts positifs et négatifs.”
Comme le souligne Minashe Selvam, fondatrice de Cantoo (jeune startup agréée ESUS qui facilite l’accès à l’éducation pour des élèves ayant des troubles DYS), l’agrément ESUS lui a permis d’avoir un accès facilité à des financements. En effet, Cantoo e réussi à lever 800 000 € de financements non dilutifs grâce à cet agrément. Ça fait rêver et c’est encourageant de voir que l’investissement à impact est facilité grâce à ce statut.
Connaissez-vous ces nouvelles terminologies ?
- L’entreprise contributive participe à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).
- L’entreprise regénérative souhaite aller au-delà de la réduction de son empreinte écologique en ayant un bilan positif net grâce à la régénération des ressources.
Les 20 principes d‘action d’une stratégie à impact
Le MIF a mis en place un Impact Score qui est à disposition de tout type d’entreprise. Voici les 20 principes d’action qui peuvent orienter votre stratégie.
Mesurer l’impact de son activité : prouver et progresser
Pourquoi mesurer l’impact de son entreprise ?
Mesurer son impact c’est évaluer l’ensemble des conséquences de l’activité de votre entreprise sur ses parties prenantes (sociale et sociétale) et son environnement.
A la différence du reporting qui se concentre sur la compilation de données pour visualiser les indicateurs de performance d’une entreprise, la mesure d’impact s’intéresse à la conséquence des activités et l’estimation des changements qui ont été opérés.
Nous pouvons identifier au moins 3 objectifs de la mesure d’impact :
- Prendre des décisions et élaborer un plan d’action.
- Être en capacité de réorienter des stratégies (et un plan d’action).
- Donner des éléments de preuve afin de rassurer ses parties prenantes.
On a besoin d’éléments de preuve pour engager les équipes, ses clients, ses investisseurs, ses partenaires. Cette mesure, comme preuve de l’état de ses impacts peut aussi constituer un levier de négociation avec les pouvoirs publics, sur son territoire.Conseil bonus :
Il est intéressant de croiser les mesures et de les modéliser pour les projeter. En effet, parfois sur la durée, grâce à une projection, il est possible de se rendre compte qu’une décision sociale peut dégrader une mesure environnementale. Cette méthode permet de prendre d’ajuster son plan d’action.
Comment mesurer l’impact de son entreprise ?
ll existe un référentiel universel : l’impact score. Cet outil permet de situer l’impact de votre activité. Il s’adresse à toutes les entreprises, quel que soit le secteur d’activité. C’est un premier pas vers une mesure d’impact plus poussée et sectorielle.
En matière de mesure d’impact, il vaut mieux adapter ou créer des outils sur-mesure. En effet, chaque activité, chaque entreprise, chaque métier de l’entreprise suppose d’élaborer des référentiels sectoriels.
En revanche, il est possible d’imaginer des bonnes pratiques communes (ex : Comment réduire mes impacts négatifs ? Comment aider les autres à réduire ? Comment créer de la valeur positive ?). Il est aussi possible de s’inspirer auprès de pionniers de l’impact. Notamment sur Impact Stories, la nouvelle chaîne dédiée.
Ainsi, l’enjeu de la mesure d’impact n’est pas tant la pureté méthodologique, que d’être en phase avec la réalité de votre entreprise et sa performance. L’impact pourrait devenir une pièce maîtresse de la lecture à 360° de la performance.
5 clés pour initier sa mesure d’impact
Pour réussir votre mesure d’impact, quelques axes de réflexion pourront vous faciliter la tâche :
- Penser à son utilité. Pourquoi ? Qu’est ce qu’on souhaite prouver ou améliorer ?
- Adapter la démarche à ses propres moyens. Il vaut parfois mieux imaginer un travail à long terme, de manière continue et ajouter des éléments au fil de l’eau.
- S’inspirer de l’existant. Il ne s’agit pas de réinventer des méthodes.
- La méthode de mesure doit être spécifique. Pour être précise la mesure d’impact doit se fonder sur des outils qui sont adaptés à chaque strate de l’entreprise (Comex / Dir opérationnelle / Comité d’investissement / …). En clair, on ne peut pas appliquer la même grille d’analyse à l’ensemble des métiers sans tomber dans l’erreur d’appréciation.
- La conversion dans une unité de mesure palpable et universelle. La mesure doit être convertie en valeur monétaire pour que l’on ait une idée concrète des performances.
L’IA peut-elle se mettre au service de l’impact ?
L’IA, en bref
L’IA ou intelligence artificielle n’est pas une nouveauté.
- 1943 : modèle de neurone
- 1997 : Deep blue bat Kasparov
- 2016 : Alphago bat le champion du monde de Go
- 2019 : BERT est mis en production sur le moteur de recherche Google
- 2022 : ChatGPT n’est pas une technologie de rupture, mais elle est très populaire.
L’IA, c’est du code, de la puissance de calcul et des données. Il faut comprendre que ce sont des gens, du travail, et non pas seulement des ordinateurs et des Datas.
Dans l’optique d’utiliser l’IA pour accélérer son impact, il est nécessaire de collecter beaucoup de données afin de pouvoir les analyser. Ainsi, il est nécessaire de générer des données.
L’IA permet aussi de produire des données autant qu’elle permet de l’analyser. En effet, lorsqu’on alimente l’IA (les algorithmes), nous sommes dans le cadre d’un apprentissage qui permet de contribuer à prédire, simuler, anticiper, analyser et générer. Cette démarche permet de collecter et produire de la donnée afin de mesurer son impact, piloter, prioriser les actions, informer et être plus transparent. Il y a un phénomène de spirale vertueuse qui s’enclenche entre récolte, analyse et production des données.
L’IA, un enjeu sociétal et environnemental
Si la tendance 2023 est à la démocratisation, les prochaines années risquent d’être mouvementées.
- il y a une pénurie de semi-conducteurs et de métaux. Qui va donc récupérer le matériel disponible et nécessaire pour mettre en œuvre l’IA. Il n’y en aura pas pour tout le monde.
- Certaines régions commencent à réglementer l’IA et à penser l’éthique de ses applications. Pendant ce temps-là, d’autres y vont tête baissée.Quid de la fracture numérique (encore plus forte) ou de la surveillance de masse ?
Un Livre blanc a été publié Data for Good. Il aborde 4 volets principaux qui mettent en valeur les défis éthiques, sociétaux et environnementaux de l’IA :
- Fiabilité de l’information : Comment maintenir la confiance dans l’information à l’heure de la deepfake ?
- Propriété intellectuelle et données personnelles : Comment respecter la propriété des artistes et encadrer la génération d’œuvre par IA ? Comment s’assurer du respect des réglementations RGPD ?.
- Biais algorithmiques et représentativité de la diversité de notre société : Comment atténuer les biais des outils IA ?
- Impact environnemental : comment réduire l’empreinte carbone liée aux externalités négatives directes et indirectes ?
L’IA est une approche intéressante pour réduire de 4 à 10% nos émissions mondiales de GES d’ici 2030. Et au regard de la pénurie de matière première, il est souhaitable de l’utiliser là où son impact est le plus important : l’énergie et l’industrie.
La consommation énergétique du numérique augmente de 9% par an et l’IA y contribue activement. Est-ce que ses bénéfices environnementaux sont supérieurs aux destructions qu’elle génère ?
L’approche technologique est une réponse qui ne remplace pas la sobriété. Cette dernière est la seule solution radicale proposée par la communauté scientifique.
Faut-il utiliser l’IA pour accélérer son projet à impact ?
“L’AI ne va pas remplacer les humains.
Mais les humains qui utilisent l’AI vont remplacer les humains qui ne l’utilisent pas”.
Karim Lakhani – Professeur Harvard Business School
L’IA va entrer très rapidement dans tous les domaines de l’entreprise (productivité, RH, compta, RSE…) Par conséquent, il peut-être souhaitable de s’entraîner à prompter* au quotidien sur les logiciels utilisant l’IA afin d’accélérer son expertise métier.
*Prompter pour :
- Décomposer un projet complexe.
- S’inspirer et ne pas perdre de temps avec le syndrôme de la page blanche.
- Faciliter la rédaction (reformuler, réduire, enrichir,…)
- Créer des images.
Pour cela, il y a des logiciels accessibles à tous : Chat GPT, Bard, Claude 2, Mid Journey, Dall-E et des centaines d’autres à retrouver ici : https://supertools.therundown.ai/
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Merci aux intervenant.e.s : Octave Kleynjans (MIF), Minashe Selvam (Catoo), François Guérin (Groupe CETIH / Collectif des Dirigeants Responsables), Jérémie Joss (KPMG), Mathilde Dufour (Mirova), Cédric Conrad (Loxam), Louise de Rochechouart (Avise), Guilhem Menard (Share It), Théo Alves Da Costa (Data For Good / Ekimetrics),… ,
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